Émotions, sensations, symboles

L'estomac noué par la peur.

un nœud à l’estomac, des papillons dans le ventre… Ces sensations nous traversent sans que nous y prêtions toujours attention. Pourtant, elles sont bien réelles dans le corps, traduisant des émotions profondes que nous avons tous vécues.

Imaginez : une boule dans la gorge, comme si quelque chose restait coincé, impossible à avaler. Un poids sur les épaules, pesant, écrasant, comme si le monde entier reposait sur vous. Ces expressions sont imagées, mais les ressentis qu’elles décrivent, eux, sont bien concrets.

Et vous, quand une émotion vous a submergé pour la dernière fois, où l’avez-vous ressentie ? Les jambes en coton, le souffle coupé, la chair de poule qui envahit la peau ? Ces sensations ne sont pas anodines. Elles sont le langage du corps, un écho physique à nos états intérieurs.

Mais il y a aussi ces instants où tout semble plus léger… Être sur un nuage, se sentir pousser des ailes, respirer à pleins poumons. Des moments où la joie est si intense qu’elle devient presque palpable.

Prenez un instant. Fermez les yeux. Repensez à une émotion forte que vous avez vécue récemment. Où était-elle dans votre corps ? Une chaleur diffuse ? Une tension qui serre ? Un frisson qui court le long de votre dos ?

Nos émotions sculptent autant notre esprit que notre corps. Elles s’ancrent, se libèrent, nous traversent. Mais au-delà du ressenti, elles parlent un langage bien particulier : celui des symboles.

La colère bouillonne comme de la lave en fusion. La tristesse envahit comme une vague déferlante. La peur entrave comme un serpent constrictor. La joie fait pétiller, illumine comme un feu d’artifice.

Ces images ne sont pas anodines. Elles existent dans notre langage, dans notre imaginaire, dans notre corps. Et si nous apprenions à les observer autrement ? Si chaque émotion avait une forme, une couleur, une texture ? Si nous pouvions dessiner ce que nous ressentons, plutôt que de chercher les mots ?

Les métaphores, un langage entre conscient et inconscient

Les métaphores ne sont pas de simples figures de style : elles portent en elles une charge de sens souvent plus profonde que ne le permet la pensée rationnelle. Lorsqu’on dit avoir « un poids sur le cœur » ou « un nœud dans l’estomac », ce ne sont pas de simples images, mais des expressions d’un vécu intérieur qui se manifeste dans le corps. Ce langage symbolique, universel et intuitif, permet d’exprimer des émotions et des états d’être que les mots seuls peinent parfois à traduire.

En ce sens, la métaphore agit comme un pont entre le conscient et l’inconscient. Là où la raison tente de nommer et d’expliquer, la métaphore ouvre un espace de dialogue plus fluide, où les ressentis s’incarnent sous forme d’images, de sensations, de symboles et expriment les différentes profondeurs de notre vécu.

Imaginez un instant : vous êtes submergé par une émotion intense, mais les mots vous manquent pour l’exprimer. C’est là que les métaphores entrent en jeu, transformant des états émotionnels complexes en représentations symboliques. Et quand on parle d’image, il ne s’agit pas uniquement d’une vision, mais bien d’une expérience sensorielle globale – une tension, une température, une forme, un mouvement intérieur.

Ce passage entre deux modes de pensée – logique et imagé – est essentiel pour comprendre nos émotions et nos mécanismes internes. C’est un terrain d’exploration, un langage de transformation, où ce qui nous est inconscient, mais agit en nous, peut s’exprimer librement et puissamment. Le conscient, lui, peut accueillir ces images, les interpréter et parfois même les réajuster, offrant ainsi une voie d’évolution et d’apaisement.

Explorer nos métaphores intérieures, c’est donc entrer dans un dialogue profond avec nous-mêmes, un espace où notre imaginaire devient un outil d’introspection et de changement. Les métaphores nous offrent un moyen puissant de naviguer dans notre paysage émotionnel, de mieux comprendre nos ressentis et de les transformer afin d’exprimer pleinement et positivement qui nous sommes.

Mais au fond, et si nos émotions elles-mêmes n’étaient que des messagers ?
Et si leur rôle était précisément de nous guider vers ce que nous sommes intimement ?

La boule au ventre

La nuit est tombée depuis longtemps, mais il ne trouve pas le sommeil. Assis sur son lit, le regard perdu dans l’obscurité, il sent une tension au creux du ventre. Lorsqu’il y pose la main, c’est là, dense, compact. Un nœud ? Non, plutôt un poids. Une boule noire, lourde et opaque, qui semble l’ancrer dans l’instant, l’empêcher d’avancer.

L’insomnie est sa compagne depuis des semaines. Les heures s’étirent, interminables, et avec elles, cette masse grandit, s’enracine un peu plus profondément. Il se lève, cherche un répit dans l’immobilité d’un fauteuil. Mais rien n’y fait. Elle est là. Omniprésente. Tapie sous la peau. Une présence invisible qui capte et retient son attention, l’empêchant de trouver la paix.

.

la boule au ventre l'angoisse qui empèche de dormir.

Une émotion est avant tout corporelle

Une émotion possède toujours une dimension physiologique. Elle ne se limite pas à une simple pensée ou à un état d’esprit : elle s’ancre profondément dans le corps. Chaque émotion déclenche des réactions biologiques et sensorielles : production d’hormones, modification du rythme cardiaque, changement du tonus musculaire, adaptation de la posture, expressions faciales…

Souvent, nous subissons ces réactions sans en avoir pleinement conscience. Pourtant, qu’on en ait conscience ou non, une émotion est toujours vécue à travers le corps.

Lorsque nos émotions deviennent envahissantes et nous empêchent de vivre pleinement, la première étape pour retrouver un équilibre est de renouer avec elles… par le corps.

Cela semble simple, mais nous n’avons jamais vraiment appris à le faire.

toucher son corps à l'endroit ou l'émotion est la plus vivace, créé déjà de l'apaisement.

Revenir au corps : un premier pas vers l’apaisement

Commencez par porter votre attention sur votre corps. Si cela vous semble difficile – parce que vous ne le faites jamais – sachez que c’est normal. C’est même culturel. Nous avons souvent appris à intellectualiser nos émotions plutôt qu’à les ressentir.

Et pourtant, les ignorer ne les fait pas disparaître.

 

Observez :

  • Comment êtes-vous installé ?
  • Quelle est la température de votre corps ?
  • Où se situent vos points d’appui – contre le siège, le lit, le sol ?
  • Quel est le poids de votre corps ?

Prenez le temps de chercher ces réponses en vous, de ressentir. Ce simple geste ramène immédiatement l’attention au corps et modifie déjà votre état intérieur.

Puis, observez ce que cette émotion produit en vous :

  • Quelle est sa texture ? Une tension, une contraction, une lourdeur, un frémissement ?
  • A-t-elle un mouvement ? Une pression, un flux, un serrement ?
  • Quelle est sa température ? Chaude, froide, diffuse ?
  • Et surtout : où est-elle logée ? Où est-ce le plus présent ?

Une fois cette zone repérée, posez une main à cet endroit.

Comme pour dire : « Je t’écoute. »

Non pas pour la faire taire ou l’éteindre, mais pour lui laisser de l’espace. Parce qu’une émotion a toujours quelque chose à vous dire.

Un processus contre-intuitif, mais essentiel

Cette approche peut sembler difficile au premier abord, inconfortable même. Car revenir vers une émotion désagréable – alors que nous avons appris à les éviter, à les rationaliser, à les minimiser – n’est pas naturel dans notre culture où l’on tend à les réprimer.

Et pourtant, tout au long de votre vie, vous avez déjà ressenti des émotions intenses sans y prêter attention. Cette fois, c’est différent : c’est vous qui choisissez d’écouter.

C’est contre-intuitif, oui. Mais c’est aussi une voie d’apaisement.

De nombreuses approches validées en psychologie et en neurosciences ont montré les bienfaits de l’attention portée aux sensations corporelles sur la régulation émotionnelle :

  • L’Intégration somatique (Somatic Experiencing de Peter Levine),
  • La pleine conscience (Jon Kabat-Zinn),
  • L’Approche neurobiologique de la régulation émotionnelle (Stephen Porges et la Théorie Polyvagale).

Ces pratiques ont prouvé que se reconnecter à ses sensations corporelles permet d’apaiser le système nerveux et de restaurer un équilibre intérieur.

Accueillir plutôt que lutter

L’intention ici n’est pas de repousser l’émotion, mais d’entrer en relation avec elle autrement. Lui offrir une place, un espace d’écoute.

C’est une manière d’inviter ces sensations venues de nos profondeurs inconscientes à nous délivrer leur message. Et souvent, ce simple changement d’attitude a un premier effet apaisant.

Une émotion n’est pas un ennemi. Elle remplit une fonction essentielle : elle nous informe d’un besoin, d’un déséquilibre, d’une tension intérieure à écouter.

.

la boule au ventre sort
la boule noire de l'angoisse se transforme en sablier, métaphore du temps qui passe

Quand la métaphore émerge

À force de porter attention à l’émotion, de l’écouter sans chercher à la fuir, quelque chose change. La perception se modifie. L’espace intérieur s’ouvre, les sensations prennent une autre forme. Ce n’est plus seulement une tension, une lourdeur diffuse… c’est une image, une métaphore qui surgit.

Dans cette petite histoire en BD, c’est l’insomnie, la fatigue nocturne et même l’atmosphère de la nuit qui altèrent la perception du personnage. Mais ce basculement peut aussi survenir par d’autres biais : méditation, respiration, focalisation, hypnose – qu’elle soit accompagnée ou en autohypnose…

Tout est souvent une question d’attention.

Dans cet état de conscience légèrement modifié, où le regard intérieur est tourné vers le ressenti, l’esprit lâche l’analyse rationnelle et laisse place au langage symbolique. Une boule, un poids, un courant, une brume… L’émotion se traduit en image, en mouvement, en symbole vivant.

Et c’est là que le dialogue commence. La métaphore n’est pas une création du moment : elle était déjà là, en arrière-plan, attendant d’être perçue. Il ne s’agit pas de l’inventer, mais simplement de laisser émerger ce qui cherchait déjà à s’exprimer.

entrer en contact avec sa métaphore émotionelle, le sablier la métaphore du temps

La métaphore, un espace de transformation

Une métaphore, ce n’est pas juste une image. C’est un espace vivant, un lieu où le problème et la solution coexistent déjà. Prenons ce sablier qui coule, symbole du temps qui s’échappe. Au premier regard, il enferme une réalité implacable : le sable tombe, irrémédiablement. Mais en l’explorant autrement, une autre possibilité apparaît…

Et si l’on pouvait ralentir son écoulement ? Et si, plutôt que subir le temps, on apprenait à l’habiter autrement ? Et si cette nuit qui passe était l’occasion d’écrire ce qui ne l’avait pas encore été ? Si le sable devenait de l’encre dorée, et le sablier un stylo magique ?

Dans la métaphore, tout est possible. Mais la vraie magie, c’est que quand quelque chose change à l’intérieur, cela change aussi à l’extérieur.

Une métaphore n’explique pas, elle fait ressentir, elle transforme. En l’observant, en l’expérimentant, quelque chose bouge en nous. Car dans chaque image qui surgit, il y a déjà une invitation au changement, au passage à l’action. Vers la case suivante, la page d’après. Un pas après l’autre l’équilibre est peut-être un mouvement permanent.

 

ilse met à écrire transformant son émotion bloquante en force créatrice.

La métaphore, un levier de transformation

Une métaphore, ce n’est pas seulement une image poétique ou une façon élégante de parler. C’est un pont entre le ressenti et le sens, entre l’émotion brute et la compréhension. Elle donne une forme tangible à ce qui est abstrait, permettant d’explorer des états internes autrement inaccessibles. Comme le disent George Lakoff et Mark Johnson dans Metaphors We Live By, « les métaphores structurent notre pensée bien au-delà du langage : elles influencent notre manière d’agir et de ressentir. »

Lorsqu’une émotion est trop diffuse, trop lourde ou trop confuse, la métaphore lui donne une structure, un mouvement, une issue possible. Elle permet de dire « Je me sens enfermé » plutôt que « Je vais mal », de sentir qu’un problème est « une montagne à gravir », plutôt qu’une impasse. Et souvent, elle contient en elle-même la clé de sa transformation : si la montagne semble infranchissable, que se passe-t-il si l’on trouve un sentier, si l’on découvre qu’on peut la contourner, ou même voler au-dessus ?

Dans un état de conscience modifié, comme en hypnose, en méditation ou dans un moment de profonde introspection, ces images émergent plus naturellement. Milton Erickson, père de l’hypnose moderne, utilisait des récits métaphoriques pour contourner les résistances du mental conscient et permettre à l’inconscient de trouver ses propres solutions (My Voice Will Go With You). L’image n’impose pas une réponse : elle l’éveille.

Prenons l’exemple du sablier. Au premier regard, il symbolise le temps qui s’écoule, qui file entre les doigts. Mais en explorant cette image autrement, une autre réalité émerge : et si le sable devenait de l’encre ? Et si le sablier était un stylo ? La sensation de fatalité se transforme alors en opportunité : plutôt que de subir le temps, on peut choisir de le remplir de sens.

Comme l’explique Bessel van der Kolk dans The Body Keeps the Score, nos expériences sont avant tout sensorielles et émotionnelles. Une métaphore active à la fois le langage et l’expérience corporelle, créant une passerelle entre ce qui est figé et ce qui peut bouger.

Travailler avec une métaphore, ce n’est donc pas simplement mettre des mots sur un ressenti. C’est entrer dans un espace intérieur où les possibles se réajustent. Car chaque image qui surgit contient déjà une porte d’entrée vers le changement. Encore faut-il oser l’ouvrir, pouvoir la franchir.

l'homme est redevenu serein, écrire la libéré ses nuits sont apaisées, il est redevenu heureux.

Quand l'écoute de soi devient une rencontre et une aventure

En explorant le mouvement de nos émotions, la relation entre nos sensations corporelles et les symboles qui en émergent, nous découvrons un langage intime, propre à chacun. Ce langage, fait de métaphores et d’images, nous offre une clé précieuse pour transformer notre vécu intérieur.

En portant une attention bienveillante à ces manifestations, nous ouvrons la porte à une meilleure connaissance de nous-mêmes, et pas à pas, une harmonie profonde entre notre corps et notre esprit peut se créer. Ainsi, chaque émotion devient une opportunité, chaque sensation un guide, et chaque symbole un pont vers une transformation intérieure authentique.

Et si nous apprenions à écouter autrement ce langage ? À laisser nos images intérieures nous parler et nous guider avec curiosité, à entrer en dialogue avec elles pour que les différentes facettes de nous-mêmes – volonté, émotions, besoins, croyances – puissent s’harmoniser naturellement, selon ce qui est juste pour nous.

L’être humain est un être riche, complexe et complet. Se découvrir pleinement, accepter ses besoins, ses élans, mais aussi ses contradictions, ouvre la porte à d’innombrables possibilités.

Nos émotions sont des clés précieuses
pour cette expérience.

Prêt pour une nouvelle exploration de vous-même ? Cela commence simplement par prendre du temps pour soi, écouter ce qui se vit à l’intérieur… et parfois, s’autoriser à être accompagné sur ce chemin.

Hypnose et Pierres

Un chemin vers soi, un voyage à travers la matière

📩 Abonnez-vous à ma newsletter pour recevoir des réflexions inspirantes, des outils concrets et des clés d’exploration intérieure. Un espace où je partage mon regard sur l’accompagnement, la transformation et l’écoute de soi.

Inscrivez-vous dès maintenant et embarquez dans cette aventure intérieure.

 

À propos de ce blog

Ce blog est un espace d’exploration et de transmission, où je partage des réflexions, des outils et des perspectives pour mieux se comprendre et évoluer vers plus d’harmonie et de paix intérieure.

Chaque article est le fruit de mon propre cheminement, mêlant mon expérience d’accompagnant, ma quête en tant qu’humain dans ce 21ᵉ siècle, et l’appui de l’intelligence artificielle comme un partenaire créatif. L’IA m’aide à structurer, approfondir et affiner mes idées, mais chaque mot ici est pensé, ressenti et écrit avec mon intention.

Mon objectif ? Partager mes apprentissages, mes réflexions et mes découvertes, offrir des clés de compréhension et d’exploration intérieure, toujours dans une approche humaine, incarnée et authentique.

🔹 Si cet article vous a parlé, partagez-le ou laissez un commentaire !
📩 Recevez mes futures publications directement dans votre boîte mail en vous inscrivant à ma newsletter.
📲 Suivez-moi aussi sur les réseaux sociaux (liens ci-dessous) pour plus de contenus et d’échanges.

Facebook
Twitter
LinkedIn

A propos de moi.

Je suis Sébastien Lanotte, hypnothérapeute et gemmologue, passionné par la vie et avide de découvertes. Depuis des décennies, j’explore et j’apprends chaque jour, mêlant psychologie et énergétique, tradition et science, corps et esprit. J’aime créer des ponts entre ces mondes pour mieux comprendre l’humain et ses transformations.

💬 Curieux de vos ressentis et expériences, j’adorerais échanger avec vous ici ou sur les réseaux.

Séances d’hypnose moderne, sur rendez-vous à mon cabinet, Étival-Clairefontaine, près de Saint-Dié-des-Vosges, ou en visioconférence

2 réponses

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *